Le bureau de consultation juridique de l’EPER obtient un arrêt décisif de la part du Tribunal administratif fédéral : les Afghan·ne·s sans document d’identité seront désormais reconnus comme sans pièces de légitimation
Le Tribunal administratif fédéral (TAF) vient de rendre un arrêt décisif : les ressortissant·e·s afghans qui vivent en Suisse mais ne possèdent pas de documents de voyage de leur pays seront considérés comme dépourvus de pièces de légitimation. Ces personnes pourront donc désormais faire une demande de passeport auprès des autorités suisses et ainsi rendre enfin visite à leurs proches à l’étranger. Cette décision fait suite à un recours déposé par le Bureau de consultation juridique de l’Entraide Protestante Suisse (EPER) pour les personnes réfugiées de Bâle.
Recours admis
Avec le soutien d’une juriste du Bureau de consultation juridique de l’EPER pour les requérant·e·s d’asile dans la région de Bâle, l’Afghan concerné a fait recours contre cette décision auprès du TAF. Après une analyse approfondie de la situation actuelle en Afghanistan, le TAF a admis le recours en juillet 2023 et estimé que le recourant devait être considéré comme sans document de légitimation. Dans sa décision, le TAF a précisé, d’une part, qu’il ne pouvait pas être exigé des ressortissant·e·s afghans résidant en Suisse qu’ils se rendent dans leur pays pour obtenir un passeport. D’autre part, il a souligné qu’un nouveau passeport ne pouvait être délivré ni en Suisse ni dans d’autres pays européens. De plus, en raison de l’évolution politique en Afghanistan, il est difficile de prévoir quand les ressortissant·e·s de ce pays pourront à nouveau obtenir un tel document. Aussi, selon le TAF, l’obtention de documents de voyage afghans pour les ressortissant·e·s du pays domiciliés en Suisse devrait actuellement être considérée comme impossible.
Une situation clarifiée
L’EPER se réjouit de cet arrêt décisif. Jusqu’à présent, il existait une contradiction majeure entre l’attitude officielle de la Suisse, qui refuse de reconnaître le régime taliban, et la pratique du SEM, qui continuait d’exiger des ressortissant·e·s afghans qu’ils obtiennent des papiers de ce même gouvernement. L’arrêt du TAF clarifie désormais la question des documents de voyage : toutes les personnes afghanes sans papiers résidant en Suisse doivent être considérées comme dépourvues de pièces de légitimation. Non seulement le recourant, mais aussi d’autres Afghan·e·s peuvent désormais faire une demande de document de voyage auprès des autorités suisses et à nouveau voyager.