Michael Kaminer: Traumfänger auf einer Reise in die eigene Geschichte
HEKS
Article de blog de Hanspeter Bigler du 13.10.2022

Michael Kaminer : un capteur de rêves sur le chemin de sa propre histoire

Michael Kaminer : un capteur de rêves sur le chemin de sa propre histoire

Pourquoi n’y aurait-il pas de place pour deux rêves dans le même lit ? Cette question, que s’est posée un jour l’écrivain palestinien Mahmoud Darwich, est devenue le fil conducteur de la vie de Michael Kaminer.  

Michael Kaminer vit dans un kibboutz, construit en 1948 sur les ruines d’un village palestinien. À l’incitation d’une organisation partenaire de l’EPER active en Israël, il s’est mis à explorer l’histoire taboue de son kibboutz. Il a confronté sa communauté aux événements du passé et a recherché dans les camps de réfugié·e·s palestiniens les personnes ayant vécu autrefois là où se trouve aujourd’hui son foyer. Michael Kaminer a fait de ce voyage un film documentaire, qu’il montre maintenant dans le plus d’endroits possible. Car il en est convaincu : une réconciliation entre les populations israélienne et palestinienne n’est possible que si les deux camps sont prêts à reconnaître les souffrances vécues par l’autre partie, ainsi que ses rêves. 

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Hanspeter Bigler

Responsable de la Division Communication & mobilisation de l’EPER.

Il s’est senti honteux d’avoir eu besoin de plus de 40 ans pour comprendre qu’en 1948, son kibboutz avait été construit sur les ruines d’un village arabe.

Michael Kaminer est né en 1964 dans le kibboutz de Tzora. Ses parents ne faisaient pas partie des fondatrices et des fondateurs du kibboutz ; ils y ont emménagé l’année de sa naissance. Après sa scolarité, Michael a accompli quatre ans de service militaire, notamment en Cisjordanie. Il a ensuite fait un tour du monde, avant de se lancer dans des études de cinéma à Tel Aviv. Il a rencontré sa femme Tal à la fin de ses études, puis est retourné vivre dans son kibboutz, où il a monté un studio de cinéma. Quand Michael Kaminer a regardé dans les archives de Tzora les vidéos tremblantes et les photos de la fondation du kibboutz, il s’est senti honteux. Honteux d’avoir eu besoin de plus de 40 ans pour comprendre qu’en 1948, son kibboutz avait été construit sur les ruines d’un village arabe. Ce qui faisait naître pour le peuple juif l’espoir d’un nouveau départ en pleine guerre d’indépendance était en fait une catastrophe pour la population arabe – la « Nakba ». La population arabe a fui les troupes israéliennes et a tout laissé derrière elle, ses maisons et ses champs, en espérant revenir bientôt.  

Sur les traces du passé

Le village arabe sur les ruines duquel a été construit Tzora s’appelait Sar’a. Michael Kaminer a toujours eu les ruines sous les yeux. Il lui aura pourtant fallu toutes ces années pour comprendre que l’endroit n’avait pas été habité par Ali Baba et les 40 voleurs, comme il le croyait enfant, mais que tout un village se tenait là, abritant 400 personnes bien réelles. Comment était-il possible que personne – ni ses parents, ni les enseignant·e·s, ni les fondatrices et les fondateurs du kibboutz – ne lui ait jamais parlé de ce passé ? C’est un séminaire tenu par Zochrot, une organisation partenaire de l’EPER en Israël, qui lui a donné le courage de se lancer. Il a alors décidé de revenir sur les traces du passé et de raconter cette aventure à travers un film documentaire. Il voulait en savoir plus, parler avec les fondatrices et les fondateurs de Tzora encore en vie, en découvrir davantage sur Sar’a, sur les personnes qui avaient habité le village, sur leur vie aujourd’hui. Cette démarche a donné lieu à un voyage très personnel qui a changé Michael et sa façon de voir les choses à jamais. 
Michael Kaminer a terminé son film en 2015 et l’a sobrement intitulé « Sar’a ». Depuis, il le montre dans le plus d’endroits possible en Israël. Partout où il est invité, les émotions sont au rendez-vous dans le public. Le film laisse bon nombre de personnes pensives, d’autres sont embarrassées. Certaines réagissent par le déni, l’offensive ou encore la colère. Dans le film Deux rêves – l’histoire israélo-palestinienne d’un village, l’EPER brosse un portrait de Michael Kaminer et de son travail. 
 

Lire l’entretien avec Michael Kaminer

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