Cuisiner des mots et tisser des liens

Ce mercredi 8 novembre 2023, j’ai eu la chance de participer, en tant qu’observatrice, à mon premier atelier en lien avec le projet InfoSuisse 50+, qui, après huit années d’existence, n’est malheureusement pas reconduit en 2024. Ce projet était proposé par l’EPER, où j’effectue depuis août 2023 un apprentissage d’employée de commerce au sein du Département Communication. Dès lors, je suis ravie de partager avec vous mon expérience à travers ce blog.

Ce matin, je me réveille sous un ciel radieux. J’en profite pour descendre à vélo. Il fait beau mais froid aussi…

J’ai rendez-vous à 9 h à la Fraternité, située à côté du théâtre Boulimie, à Lausanne. J’entre dans une grande salle, où je suis accueillie chaleureusement par un petit groupe réuni autour d’une table. L’atelier a déjà commencé.

Tout en enlevant mes 18 couches d’habits, je tends une oreille et écoute les conversations. Il est question de découvrir à quelle famille appartiennent différents aliments imprimés sur des cartes.

Je m’installe à une autre table un peu à l’écart afin de ne pas déranger et de pouvoir mieux observer. Cinq personnes migrantes âgées de 50 à 65 ans, venant de Syrie, Turquie, Afghanistan et Macédoine, participent à l’atelier. Durant 6 mois, ces personnes vont régulièrement se rencontrer afin de pratiquer la langue française lors de 12 modules sur des thématiques comme la vie quotidienne, le budget, la mobilité, l’alimentation ou la retraite par exemple. Ces modules sont suivis d’un atelier ou d’une sortie culturelle, qui permet de mettre en pratique leur apprentissage, mais surtout de sociabiliser et de favoriser l’inclusion.

Ella Bergmaier

Ella Bergmaier travaille à l’EPER en tant qu'apprentie au sein du département de la communication.

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Ça m’apporte une grande richesse sur le plan du partage humain, c’est surtout ça qui prévaut.

Après l’effort, quoi de mieux que de prendre part à un bon repas ? Plus que de simples ingrédients, il s’agit d’un moment de partage et de convivialité. Eh oui, vous l’aurez deviné, nous sommes à l’atelier cuisine ! Alors, mettons-nous au travail, relevons nos manches et concoctons ensemble un délicieux festin qui ravira nos papilles et renforcera nos liens. Au menu : salade d’endives, oranges et poires, saupoudrée de noix, avec, en plat principal, un chili con carne servi sur son lit de riz, et enfin, en dessert, un crumble aux pommes.

Mais, en premier lieu, une petite heure de cours théorique afin de rappeler les fondamentaux. Tout le monde participe avec entrain. J’ai l’impression d’être de retour sur les bancs de l’école.

Puis vient la pause-café ! L’occasion de bavarder et de faire connaissance avec les participante·s, mais aussi avec la formatrice et les deux intervenantes nutritionnistes.

On apprend aussi beaucoup des cultures et des expériences de chacune et chacun. 

Après notre petite récréation et pressés de manger, chacune et chacun s’attelle à sa tâche. Je reste un petit moment dans la cuisine et une discussion s’engage. Dilara1, une des participantes d’origine kurde, ne comprend pas le français. Par conséquent, notre conversation se résume beaucoup à de la gestuelle et des mimes. Mais ce sera surtout grâce à l’aide de son sous-chef, aussi kurde mais parlant français, que l’on arrivera à échanger. Il m’explique que Dilara et lui sont de Syrie, mais pas de la même région. Ainsi, leur manière de cuisiner est différente. De même pour la langue : elle parle arabe et lui kurde et arabe.

Dans la grande salle, l’ambiance est différente, plus calme, tout le monde est concentré. Malgré les barrières de la langue et de la culture, les participant·e·s parviennent à plaisanter et à se taquiner.

Chacun·e apporte son expérience en cuisine.

Nous passons à table. Il est étonnant de constater à quel point partager un repas favorise les échanges et la conversation. En effet, elle se fait si facilement. Tout le monde participe, que ce soit pour raconter son enfance, son métier ou comment il imagine son avenir. J’apprends d’ailleurs qu’un·e des participant·e·s d’origine syrienne, venant d’une famille paysanne, ne connaissait que l’huile d’olive avant d’arriver en Suisse. En effet, la Syrie est reconnue comme le berceau de la production d’olives.

Dans chaque culture, la nourriture a une place importante pour l’être humain.

C’est donc à la suite de cette belle matinée remplie d’échanges enrichissants que nos chemins se sont séparés. Chacun·e est parti·e reprendre son activité. J’aurais pu passer ma journée avec eux tellement j’ai pris du plaisir !

Personne discutant d'un jeu de cartes sur une table

Yves Leresche

Personnes mangeant autour d'une grande table

Yves Leresche

Yves Leresche

Personnes préparant à manger autour d'une table ronde

Yves Leresche

PErsonne discutant autour de cartes posées sur une table

Yves Leresche