Communiqué de presse du 4 juillet 2023
Recours à la Cour européenne des droits de l’homme gagné par le SAJE
Dans son arrêt rendu le 4 juillet, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) condamne la Suisse dans trois affaires sur quatre où le Secrétariat d’État aux migrations a refusé d’octroyer un regroupement familial à des personnes car elles dépendaient partiellement de l’aide sociale. Le Service d’Aide Juridique aux Exilé·e·s (SAJE) est à l’origine de deux recours, l’un ayant été gagné.
Quand une personne se voit octroyer un statut de protection parce qu’elle a dû fuir, elle peut obtenir un permis B ou une admission provisoire, avec ou sans le statut de réfugié. Les titulaires d’un permis B réfugié peuvent faire venir leur famille nucléaire, dont ils ont été séparés par la fuite, sans aucune condition. En revanche, les personnes qui n’obtiennent qu’une admission provisoire doivent attendre deux ans avant de pouvoir faire la demande et doivent pouvoir assurer l’autonomie financière de la famille.
Quatre questions à Karine Povlakic, représentante juridique du SAJE
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Deux des quatre plaintes pour lesquelles la CEDH a publié un arrêt le 4 juillet avaient été déposées par le SAJE. Le SAJE fait-il souvent des recours auprès de la CEDH - pourquoi ?
Le SAJE ne fait que rarement des requêtes à la Cour, car les chances de succès sont très minces et la procédure est très longue. Il faut qu’il y ait une question juridique de principe qui concerne beaucoup de dossiers. Nous parlons dans ce contexte de gestion stratégique des processus.
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Pourquoi le SAJE a-t-il déposé plainte auprès de la CEDH dans ces deux cas ?
Le SAJE a déposé deux requêtes, car il s’agissait de deux situations différentes. Un cas concerne le regroupement familial pour les réfugié·e·s reconnus, en cas d’absence d’autonomie financière. Dans ce cas, la CEDH a accepté la requête. Le second cas concerne les différences de traitement pour le regroupement familial entre les réfugié·e·s reconnus avec un permis F et les réfugié·e·s avec un permis B. Ici, la CEDH a malheureusement rejeté la plainte.
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Qu’est-ce qui change concrètement pour la plaignante dans la première affaire à la suite de cet arrêt positif ?
La Suisse est liée par la décision de la Cour et doit l’appliquer. La requérante devrait pouvoir faire venir sa fille en Suisse. La demande de regroupement familial pour cette enfant a duré 13 ans. La première demande était adressée à l’autorité compétente en 2010.
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Cet arrêt a-t-il également une influence sur la jurisprudence future en Suisse ?
Oui. Les personnes admises à titre provisoire pourront obtenir le regroupement familial à l’avenir, même en l’absence d’autonomie financière. La Suisse devra examiner précisément la cause de la dépendance (partielle) de l’aide sociale et en tenir compte dans sa décision. Cela améliore les chances d’obtenir le regroupement familial, notamment pour :
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les familles nombreuses lorsque le salaire d’un seul parent qui travaille à 100 % n’est pas suffisant pour une autonomie financière ;
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les personnes qui sont en incapacité de travail à 100 % et dont la rente AI est insuffisante ;
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les parents isolés qui ne travaillent qu’à temps partiel mais qui montrent ainsi une volonté d’intégration dans la limite de leurs facultés. Dans le cas représenté par le SAJE, il s’agissait d’une femme somalienne illettrée et sans formation professionnelle. La Cour a jugé qu’elle avait fourni tous les efforts que l’on pouvait attendre d’elle en occupant un emploi de femme de ménage à 50 %, et que l’absence d’autonomie financière ne pouvait lui être reprochée.