Une avancée importante pour les droits des paysan·ne·s du Sud
La clause relative à la protection des obtentions végétales doit à l'avenir être supprimée des accords commerciaux négociés par la Suisse. La Commission de politique extérieure du Conseil national a approuvé une initiative parlementaire dans ce sens. La coalition « Droit aux semences » salue ce pas vers une plus grande souveraineté alimentaire pour les paysan·ne·s du Sud et vers la protection de la biodiversité.
Par 13 voix contre 7 et 4 abstentions, la Commission a adopté hier l'initiative parlementaire (22.492) du conseiller national Nicolas Walder (Verts/GE) et donné un signal clair : elle veut que la Suisse n’oblige plus ses partenaires commerciaux à respecter les directives de la convention internationale sur la protection des obtentions végétales UPOV91 par le biais d’une clause. Cette clause figure toujours dans les mandats de négociation d’accords commerciaux de la Suisse avec d'autres pays et oblige ces derniers à adopter des lois de protection des variétés végétales conformes à l’UPOV 91. Cette disposition interdit aux agricultrices et aux agriculteurs d'échanger ou de vendre des semences qu’ils produisent eux-mêmes, pour autant qu’il s’agisse de variétés protégées. Même la multiplication pour la consommation personnelle n’est autorisée que de manière limitée et est liée à des paiements.
Droit à la libre utilisation
Les pratiques séculaires des paysan·ne·s consistant à réutiliser, échanger ou vendre les semences produites dans leurs propres champs sont indispensables à la sécurité alimentaire dans les pays du Sud. Elles garantissent l’approvisionnement en semences et jouent un rôle central dans le maintien et le développement de la diversité des cultures. C'est pourquoi les droits des paysan·ne·s de reproduire, d’utiliser, d’échanger et de vendre des semences sont inscrits dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) ainsi que dans le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La clause UPOV restreint ces droits à l'échelle mondiale : « La Suisse doit défendre le droit aux semences et donc le droit à l’alimentation », complète Tina Goethe, codirectrice du département politique de développement et conseil thématique de l’EPER.
La coalition suisse « Droit aux semences » compte désormais sur la Commission de politique extérieure du Conseil des États pour qu’elle vote elle aussi en faveur de cette initiative parlementaire.
Personnes de contact :
Simon Degelo, responsable semences et biodiversité SWISSAID,
Tél. : 076 824 00 46, s.degelo@swissaid.ch
Tina Goethe, coresponsable du Département politique de développement et conseil thématique, EPER
Tél. : 076 516 59 57, tina.goethe@heks.ch
Nicolas Walder, conseiller national (Vert·e·s/GE)
Tél. : 079 550 05 13, nicolas.walder@parl.ch