Menschen vor dem BAZ Altstätten
Une journée dans un centre fédéral pour requérant·e·s d’asile

Le soutien de l’EPER aux personnes réfugiées ukrainiennes

Le soutien de l’EPER aux personnes réfugiées ukrainiennes

Voici un bel exemple d’aide rapide et efficace : dès le 12 mars 2022, les personnes réfugiées ukrainiennes peuvent faire une demande de statut de protection S auprès d’un centre fédéral pour requérant·e·s d’asile (CFA) et obtenir, le cas échéant, une place dans une famille d’accueil. Autorités, œuvres d’entraide et particuliers travaillent main dans la main pour soutenir les Ukrainiennes et les Ukrainiens en quête de protection. Cela vaut aussi dans le CAF d’Altstätten, dans le canton de St-Gall. Là, l’EPER apporte un appui sous la forme de conseils juridiques et coordonne, avec la Croix-Rouge suisse, Caritas et Arge, le placement des réfugié·e·s dans les familles d’accueil.

Découvrez le reportage de notre responsable du siège de Suisse orientale, Gabriela Alfanz, lors de la mise en place du projet au CFA d’Altstätten.
Texte et photo: Gabriela Alfanz

« Lorsque je suis arrivée au CFA le 12 mars 2022 à 8 heures, des Ukrainiennes et des Ukrainiens attendaient déjà devant la porte. La plupart étaient accompagnés par leur famille d’accueil. Depuis le 12 mars, ils peuvent s’inscrire pour obtenir le statut de protection S, lequel vient d’être activé par le Conseil fédéral. Ce droit de séjour en Suisse est limité à un an, mais il peut être prolongé. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) avait, au préalable, publié une fiche d’information décrivant les caractéristiques essentielles du statut de protection S. Ce document nous a permis de répondre de manière claire et compétente à la plupart des questions des réfugié·e·s et de leurs familles d’accueil.

On nous a notamment demandé : « Nos enfants peuvent-ils aller à l’école en Suisse ? », « Comment cela se passe-t-il avec la caisse d’assurance maladie ? » ou encore « Mes hôtes ukrainiens recevront-ils de l’argent tant qu’ils ne pourront pas travailler ou dois-je moi-même, en tant que famille d’accueil, subvenir entièrement à leurs besoins ? ». Cette dernière question, posée par une jeune femme d’environ 25 ans, m’a tout particulièrement émue. Depuis deux semaines, elle héberge des proches ou, pour être exacte, les membres de trois familles proches de la sienne : deux familles logeaient chez elle, la dernière dans l’immeuble mitoyen, chez un voisin. Elle m’a confié que, pour elle, faire venir ses proches ici, auprès d’elle, était la seule solution. Néanmoins, elle craint désormais de ne plus pouvoir, tôt ou tard, subvenir à leurs besoins.

Je l’ai informée de la situation juridique et lui ai conseillé de se rendre, dès lundi, auprès des services municipaux de sa commune, qui seraient à même de l’aider.

Asylsuchende vor dem BAZ
Andrea Oertli

L’après-midi, nous avons vu arriver au CFA des Ukrainiennes et des Ukrainiens n’ayant soit aucuns contacts en Suisse, soit aucune possibilité d’hébergement. Ces personnes étaient, pour la plupart, épuisées par le voyage. Nous avons ainsi aidé neuf familles – quatre hommes, neuf femmes et 12 enfants, soit 25 personnes en tout – à trouver une famille d’accueil. Nos interprètes nous ont secondé dans cette tâche. Le processus de placement dure entre une heure et une heure et demie par famille d’accueil, indépendamment du nombre de personnes à reloger. Toutes les personnes en quête de protection sont d’abord invitées à passer un entretien individuel, au cours duquel elles peuvent spécifier leur situation personnelle et leurs besoins : Ont-elles des allergies ou des problèmes de santé ? Sont-elles venues avec leurs animaux domestiques ? Préfèrent-elles vivre en ville ou à la campagne ? Préfèrent-elles habiter dans un logement fumeur ou non ? Au cours de l’entretien, leur état mental est également abordé. Les personnes particulièrement vulnérables ne sont pas placées dans des familles d’accueil. Pour elles, il existe des logements gérés par des professionnel·le·s. Ces entretiens m’ont profondément émue et attristée.

Menschen im BAZ Altstätten
Andrea Oertli

À l’inverse, les entretiens téléphoniques avec les familles d’accueil que nous avons réussi à joindre, ce qui n’était pas toujours aisé, ont été source de beaucoup de joie. La base de données de Campax compte déjà plus de 45 000 offres d’hébergement dans des logements privés. Une fois l’entretien avec les personnes en quête de protection terminé, nous contactons téléphoniquement les deux ou trois familles qui correspondent le mieux. Imaginez : vous recevez un appel d’un·e parfait·e inconnu·e vous proposant d’accueillir et loger de parfaits inconnus en provenance d’Ukraine !Les réponses furent extraordinaires. La grande majorité des familles d’accueil que nous avons contactées a accepté. Certaines ont simplement demandé un peu de temps. Dans ce cas, les réfugié·e·s passent encore une nuit au CFA. Néanmoins, la plupart ont été accueillis le jour-même par leur famille d’accueil. Trois sœurs, leurs maris et leurs enfants ont ainsi pu être hébergés au même endroit. Une mère et son fils ont été accueillis par une famille possédant un chat. Le soir-même, j’ai reçu une photo du petit garçon assissur le canapé, en train de caresser paisiblement le chat. J’ai été très touché.

Kind mit Katze

Le 12 mars, 150 personnes ont été enregistrées au CFA. Avec les accompagnants, les familles d’accueil ou des amis, nous devions être plus de 250 personnes par moment dans la salle. on se serait cru dans une ruche où bourdonnent des adultes, des enfants, des bébés, des poussettes, des chiens... et même un cochon d’Inde!

La collaboration avec le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) s’est elle aussi avérée très efficace. Les collaboratrices et les collaborateurs du SEM ont réagi avec beaucoup de souplesse aux problèmes rencontrés. Ainsi, au cours de la journée, une table à langer a été installée, un triangle de signalisation placé sur la route par sécurité, un système de tickets mis en place et un bureau mis à notre disposition. Les réfugié·e·s disposaient de suffisamment de nourriture et de boissons, d’un accès Wi-Fi et tout le monde a fait son maximum pour que les gens se sentent bien accueillis. C’était une collaboration réussie!

Après cette intense journée riche en émotions, j’étais triste, mais aussi profondément émue et reconnaissante de l’immense solidarité et du soutien concret que nous avons reçus de toutes parts. Cette intervention exceptionnelle de l’EPER a concrétisé ma convictionqu’ensemble, nous pouvons effectivement obtenir de grands effets avec de petits moyens. Malheureusement, de nombreux autres conflits font rage partout dans le monde. Des habitant·e·s ont fui leur pays pour se réfugier en Suisse. L’EPER s’engage pour ces personnes aussi et défend leurs intérêts. J’espère que l’expérience que nous acquérons actuellement avec les personnes réfugiées ukrainiennes contribuera, à moyen terme, à améliorer la situation de l’ensemble des réfugié·e·s en Suisse. »

Versorgung vor dem BAZ mit Äpfeln und Bananen
Andrea Oertli

Depuis le début du conflit en Ukraine, nous assistons, en Suisse, à un immense élan de solidarité, qui rend possible une aide rapide et efficace : depuis le 12 mars 2022, les Ukrainiennes et les Ukrainiens peuvent faire une demande de statut de protection S, qui permet d’octroyer une protection collective à un groupe déterminé. Les personnes concernées obtiennent provisoirement un droit de séjour sans passer par une procédure d’asile ordinaire. Les personnes disposant du statut S peuvent travailler immédiatement et leurs enfants peuvent aller à l’école. Ce statut rend aussi possible le regroupement familial pour les personnes réfugiées ukrainiennes. En outre, elles peuvent être hébergées par des particuliers.

Toutefois, les personnes qui arrivent en Suisse doivent d’abord s’annoncer dans un CFA. Désormais, elles peuvent faire leur demande de statut de protection S en ligne et obtenir, par le SEM, un rendez-vous dans un CFA pour s’enregistrer. Des collaboratrices et des collaborateurs de l’EPER sont présents dans le CFA d’Altstätten (SG) : ils accompagnent les réfugié·e·s dans leur demande de protection. Si nécessaire, les collaboratrices et les collaborateurs du projet « familles d’accueil » placent les personnes réfugiées dans l’une des nombreuses familles qui se sont portées volontaires.

Depuis le début du projet, le 12 mars 2022, trois à quatre collaboratrices et collaborateurs de l’EPER spécialisés en protection juridique sont présents quotidiennement au CFA d’Altstätten. Pour le projet « familles d’accueil », ce sont quatre à cinq collaboratrices et collaborateurs de l’EPER, de la Croix-Rouge suisse, de Caritas et d’Arge qui viennent chaque jour sur place. En tout, plus de 50 familles d’accueil ont déjà pu être trouvées en Suisse orientale, pour près de 150 femmes, hommes et enfants.




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