Blog Lunchkino 2024: Auf der Suche nach Frieden
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Article de blog de Corina Bosshard

En quête de paix

En quête de paix

Depuis peu, l’EPER complète son aide d’urgence en Ukraine par une nouvelle approche intitulée « réponse aux crises menée par les survivant·e·s et les communauté » (Survivor and Community-led Response, SCLR) : ce sont les personnes premièrement concernées qui développent et mettent en œuvre leurs propres petites initiatives. En mars dernier, nous avons voyagé en Roumanie et en Ukraine, pour découvrir plusieurs de ces initiatives d’entraide dans le cadre du tournage du film de l’EPER. Nous avons été profondément émus par les histoires des personnes à l’origine de ces initiatives. Ces personnes sont en quête de paix : elles cherchent la paix intérieure et la paix pour leur pays.   

Pendant l’entretien avec Olena Shevchenko, les larmes se mettent à couler. Nous sommes obligés de faire une pause. Ce ne sera pas la seule fois, durant le tournage, où nous serons émus, voire bouleversés. Nous étions venus pour documenter des projets, nous avons rencontré des personnes. Surtout des femmes. Des femmes qui, avant la guerre, vivaient à Kiev ou à Kherson, faisaient des études, travaillaient. Des femmes qui n’imaginaient pas que leur pays puisse connaître la guerre. Des femmes qui se sont un jour retrouvées au milieu de leur appartement, à se demander que prendre avant de s’enfuir. Des femmes qui avaient des rêves mais qui, aujourd’hui, ne font plus de projets d’avenir, car elles ont fait l’horrible expérience que tout peut basculer du jour au lendemain. 
Corina Bosshard, Kampagnenkoordinatorin
Corina Bosshard

Corina Bosshard, coordinatrice des campagnes à l’EPER 

La guerre est une expérience qui vous ébranle au plus profond de votre être...

Olena a fui, seule avec sa fille, pour venir se réfugier à Cluj-Napoca, en Roumanie. Comme elle, nombre d’Ukrainiennes réfugiées dans le pays doivent gérer seules le quotidien avec leurs enfants, car leurs maris sont au front. Au début, elles pensaient qu’elles ne resteraient que deux ou trois semaines avant de rentrer dans leur pays. Aujourd’hui, après deux ans d’exil, elles ont compris qu’elles devaient accepter la situation, trouver un travail et scolariser leurs enfants. Toutefois, trouver une place dans une crèche en Roumanie n’est pas simple. En outre, les enfants comprennent à peine le roumain et peinent parfois à être séparés de leurs mères dans un environnement étranger.  

Be brave !

Olena, qui a fait des études d’économie à Kiev avant de travailler dans la gestion de projet, a donc eu l’idée de créer le « Be Brave Kids Club », une crèche pour les enfants ukrainiens. Ils peuvent y parler leur langue et sont peu à peu préparés à intégrer des crèches roumaines. Leurs mères ont ainsi du temps pour suivre des cours de roumain ou travailler. En tant que mère élevant seule son enfant, Olena a su déceler ce besoin des parents. Sa crèche fait partie des petites initiatives actuellement soutenues par le bureau de l’EPER en Roumanie dans le cadre du programme SCLR. Cet engagement pour sa communauté est indéniablement une source de force pour Olena. « Je ne le fais pas pour moi, je le fais pour quelqu’un », explique-t-elle durant l’entretien. 

 Filling in the gaps

Nous constatons rapidement l’intérêt de l’approche, qui vient colmater des brèches dont l’EPER ne soupçonnait parfois même pas l’existence. Ces petites initiatives sont aussi variées que les besoins des gens. Alors qu’en Roumanie il s’agit surtout d’activités sociales pour les enfants et les jeunes ou de projets d’intégration, en Transcarpatie, les projets sont très différents. 

Avant la guerre, cette région rurale située à l’extrémité ouest de l’Ukraine comptait déjà parmi les plus pauvres du pays. Après l’éclatement de la guerre, des centaines de milliers de personnes venues de l’est du pays y ont trouvé refuge. Plus de deux ans plus tard, environ 370 000 déplacé·e·s internes vivent en encore en Transcarpatie, où elles attendent la fin de la guerre pour pouvoir retourner dans leur région d’origine. Certain·e·s n’ont d’ailleurs plus rien à y retrouver. En outre, beaucoup de jeunes ont quitté la Transcarpatie, les hommes en âge de servir ont été mobilisés. Il ne reste que des personnes âgées, des femmes seules avec leurs enfants et des personnes confrontées à d’autres situations difficiles. 

Les initiatives auxquelles nous avons rendu visite en Transcarpatie portent davantage sur la couverture des besoins fondamentaux et sur l’assistance mutuelle. Gyula Szabó, de la paroisse réformée de Dertsen, distribue chaque jour des repas chauds aux personnes dans le besoin dans son village. Eva Izhak, quant à elle, est directrice d’école. Grâce au programme SCLR, elle a pu organiser une livraison d’aide pour les personnes déplacées qui vivent depuis deux ans maintenant dans une ancienne école. 

Don’t close your eyes  

C’est ce que nous dit Kseniia Karandashova, une autre protagoniste du film, durant son entretien. Elle sait que nous ne voudrons bientôt plus entendre parler de l’Ukraine. Elle a raison, bien sûr. On finit par être blasé·e et penser : « Encore l’Ukraine. » Mais quand on est dans ce pays, qu’on parle avec ces gens qui ont tant perdu, tant laissé derrière eux et qui attendent la fin de la guerre, ce conflit redevient brûlant d’actualité. 

Merci de continuer, vous aussi, à vous y intéresser. Je me réjouis de vous rencontrer lors d’un des ciné-lunchs en Suisse alémanique ou d’une projection de CinéEPER en Suisse romande et de vous présenter Olena, Gyula, Eva, Kseniia et d’autres personnes courageuses.  

CinéEPER 2024
Édition 2024 de CinéEPER

Pour en savoir plus sur les initiatives d’entraide en Roumanie et en Ukraine, développées et mises en œuvre par des personnes touchées par la guerre, regardez le nouveau film de l’EPER Don’t close your eyes – Des moments de paix en temps de guerre.

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