Qui doit payer pour les dommages causés par les changements climatiques ?
Il est maintenant temps que les pays du Nord contribuent à ce fonds en vertu du principe du pollueur-payeur.
Les pays du Nord, y compris la Suisse, en tant que principaux responsables de la crise climatique, ont le devoir d’aider les pays les plus pauvres à atténuer les conséquences graves pour leurs populations. C’est justement pour soutenir financièrement les pays du Sud face aux dommages causés par le dérèglement climatique qu’il a été décidé, lors de la précédente COP, en 2022, de créer un fond « pertes et dommages ». Cette décision a été rendue possible notamment grâce au travail de plaidoyer de nos organisations partenaires, dont l’organisation International Centre for Climate Change & Development (ICCCAD) au Bangladesh. Il est maintenant temps que les pays du Nord contribuent à ce fonds en vertu du principe du pollueur-payeur. Par exemple, la Suisse a émis plus de trois milliards de tonnes de CO2 depuis le début de l’industrialisation. Elle est donc coresponsable des dégâts climatiques qui affectent des millions de personnes et il est justifié qu’elle paye une part équitable dans ce fonds.
Il est également nécessaire que les entreprises qui ont le plus contribué aux changements climatiques participent financièrement à ce fonds. Celles-ci doivent prendre leurs responsabilités et cesser de refuser de payer pour les dégâts que leurs émissions causent. À titre d’exemple Holcim, le plus gros émetteur de CO2 de Suisse, a rejeté plus de 7,3 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère depuis les années 1950 (plus du double de la Suisse !). Dans le cadre de leur plainte climatique, quatre Indonésien·ne·s demandent au cimentier de payer des compensations pour les dommages causés par les changements climatiques sur leur île. L’EPER soutient cette plainte climatique grâce à une campagne de communication.
L’équipe « justice climatique » de l’EPER a ainsi participé à la rédaction d’une motion parlementaire déposée par cinq parlementaires de quatre partis au Parlement suisse. Cette motion demande que les entreprises suisses contribuent au fonds « pertes et dommages » en fonction de leur responsabilité climatique historique respective. Il s’agit d’une première mondiale : c’est en effet la première fois qu’un parlement devra se pencher sur cette question cruciale.
Espérons que la question de la compensation des pertes et des dommages recevra un accueil positif non seulement au sein de la communauté internationale lors de la COP28, mais aussi au sein du Parlement suisse. Car de nombreuses communautés de par le monde attendent le versement de compensations lorsqu’elles sont touchées par la dévastation climatique. C’est une question de justice climatique !